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Affichage des articles associés au libellé Culture

Économie et culture d'une île

 Le racisme en Corse — Marie Peretti-Ndiaye — Albiana 03/2014 Excellent travail universitaire qui contredit toutes les idées habituelles ou historiques sur l'évolution de la société corse en ce début de siècle. Et il met en évidence l'importance du fait économique sur cette île. La fascination pour un passé largement fantasmé et l'obsession culturelle ne doit pas faire l'impasse sur la construction d'une économie pour ce territoire et pour un avenir, — inquiétant —, à construire. Extrait : Car si, comme le souligne un universitaire insulaire, aujourd'hui, on ne dira plus de quelqu'un : c'est un pied-noir ou un fils de pieds-noirs , la catégorie et les représentations qui lui sont attachées ont fait l'objet d'une transmission à la fois efficace et sélective. Efficace, car les « pieds-noirs » constituent une image de la domination qui explique — et légitime parfois — la naissance de la contestation autonomiste puis nationaliste ; sélective, car ell

Fin de partie en Zoldavie ?

 Train perdu wagon mort — Jean-Bernard Pouy — Points 03/2008 Pouy nous entraîne dans un wagon-lit à destination de la Zoldavie sur des rails étranges dans une réalité parallèle, un trou noir à train. Dix-huit pékins perdus dans la plaine zoldave. Et bien sûr, les portables ne passent pas, mais les heures passent, l'inquiétude croît et les fulmènes(1) puent. Dans le wagon isolé, immobile, démarre un roman noir oppressant, un cauchemar de questions sans réponses. Des morts mystérieuses, un rapport secret, un espion, une rousse sexy et rock'n roll, des avions en rase-mottes, des tracteurs soviétique convertis en locomotive feront avancer le récit et augmenteront la tension. Guerre, pandémie, manipulation, toutes les options restent ouvertes. Cette longue nouvelle rudement bien menée fait écho à notre siècle où s'accumoncèlent  les inquiétudes et les questions et que nous quitterons sans réponse. Du bon Pouy, sombre, ironique et philosophique qui nous abandonne dans une partie

Scalpel tranchant

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 Cosmétique du chaos – ESPEDITE – Actes Sud 02/2020     Un court roman et un long cauchemar. Entrelacs d'une réalité actuelle et de l'envahissement du virtuel technologique du lendemain. Réseaux, reconnaissance faciale, remodelage des chairs et injonctions intrusives à s'adapter à ces mutations insanes. Alcool et psychotropes imbibent le tableau. C'est le cri de Munch en prose. On attendra en vain une réaction humaine à cette révolution numérisée. Lasciate ogni sperenza voi ch'intrate... Extrait : — Vous me voyez, mais vous ne me voyez pas. je ne suis plus votre semblable car je n'ai plus de visage. Le visage est une invitation au dialogue. Il est déjà une amorce de discours. Sans visage, je ne peux plus parler, je suis condamné à la mort, mort sociale s'entend, mais mort quand même. Les bourreaux se masquent pour donner la mort car ils sont morts eux-mêmes. Je deviens comme eux par le simple fait de soustraire mon visage à votre regard. Je deviens menaçant.

Qui n'en a eu, n'en a eu

  Selon certaine rumeur, Eric-Emmanuel Schmitt et Alexandre Jardin n’auraient pas écrit une ligne de leur roman à quatre mains. Pour abattre la besogne, ils se seraient offerts à vil prix les services d’un unique chimpanzé ! EC – 09/12/2020

Philosophe défensif

  Bien qu'adversaire résolu du néo-libéralisme, contempteur du ni droite ni gauche et en même temps adorateur du livre, je suis résolument contre l'ouverture des librairies. Bien que le gouvernement ait accumulé les erreurs et les mensonges dans sa lutte contre la pandémie, il faut savoir fixer une limite, une frontière, forcément arbitraire  à la circulation du citoyen. Malgré ma sympathie séculaire pour le peuple écossais, il faut savoir dire non au kilt pour préserver l'essence du sens de l'article 330. Le virus est sans pattes, limiter sa diffusion c'est donc limiter l'agitation du bipède. De surcroit et nonobstant, comme l'exprime clairement E.C., « N’oublions jamais que presque tout le monde vit sans littérature et s’en passe aussi aisément que d’une cornemuse ou d’un hibou dans le grenier. » N'en déplaise à Aurore Bergé, une abstinence de quelques semaines des chefs-d'œuvre de Marc Levy, Guillaume Musso ou Éric-Emmanuel Schmitt ne peut qu'

Incuriosité et moutonnier riment et rament chez Babelio

J'ai collationné plus de 300 livres sur ce réseau dont le mystérieux processus informatique prétend vous trouver des âmes sœurs après 50 sélections. t’choufa ! I stand alone.  I'm happy. Like Droopy. Extrait d'entretien d'E.C.(1) chez Article11 : La littérature ne concerne de toute façon vraiment qu’un très petit nombre de gens, parmi lesquels une bonne moitié de simulateurs. N’oublions jamais que presque tout le monde vit sans littérature et s’en passe aussi aisément que d’une cornemuse ou d’un hibou dans le grenier.   (1) E.C. et J.C. se contentent d'initiales.

FRANCE CUL : L'enfer du bookporn

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  Ceci n'est pas une pipe. C'est du bookporn. Une première pour ce site. Je laisse la parole à GMS : Pourquoi afficher ses lectures sur les réseaux sociaux a-t-il quelque chose de profondément gênant ? Cet été, et je me demande comment ça avait pu m’échapper jusque-là, j’ai remarqué une nouvelle manie sur les réseaux sociaux : afficher ses lectures. Après le foodporn qui consiste à montrer les plats qu’on mange ou qu’on cuisine, voici donc le bookporn où on met en scène les livres qu’on lit, des citations qu’on aime et où l’on fait des classements de ses romans préférés. .../.. Pourquoi imaginer qu’en citant l’incipit du dernier roman d’Emmanuel Carrère, vous ferez partie d’une aristocratie des lecteurs ?  qu’en partageant une couverture du Deuxième sexe de Simone de Beauvoir, vous serez enfin féministe ? Et qu’en établissant le classement de vos romans préférés, vous obtiendrez une caution intellectuelle ? En fait, c’est là tout le probl

In Our Time. 1924. Wops, Wogs, Niggers... I Can't Breathe

J'avais lu, vu ou entendu, je ne sais plus, qu'il fallait absolument lire les premiers livres d'Hemingway paru à Paris. Les éditions « Le bruit du temps » a ressorti « In Our Time » en 2011 et en bilingue. Douze euros les soixante-douze pages. Au kilo, c'est cher. Au poids des mots, c'est cadeau. Du beluga gros grains gris en solde. Long en bouche, frais et corsé. Même si vous êtes médiocrement « fluent in english », la lecture du texte original est aussi facile que stupéfiante de grâce. Si la phrase sonne bien, la férocité des thèmes nous renvoie, un siècle après, à la sauvagerie effrénée de notre temps présent. Un incunable d'Ernest encore disponible, profitez-en. https://www.lebruitdutemps.fr/ Chapter 9 At two o'clock in the morning two Hungarians got into a cigar store at Fifteenth Street and Grand Avenue. Drevitts and Boyle drove up from the Fifteenth Street police station in a Ford. The Hungarians were backing their wagon out of an alley. Boyle shot

Québec, recherches et média.

 En cherchant des informations sur les recherches d'un anthropologue, Bernard Chapais, j'ai découvert un site du Québec, Paroles de chercheur(e)s. [https://www.parolesdechercheurs.com/accueil]   Nos cousins québecois qui sont assurément inventifs, ont interrogé 41 chercheur(e)s sur quatre thèmes : l'université, la figure de l'intellectuel, la recherche indépendante et en conclusion Menaces et péril ? La réponse de Chapais à la figure de l'intellectuel m'a beaucoup surpris et séduit. Partant du fait que la culture sert à un groupe pour assurer sa domination sur les autres, l'intellectuel, décrypteur de la complexité du monde, est celui qui met en évidence les mécanismes de cette action.

La table du roi Salomon - Luis Mantero Manglano

Je n'avais pas prévu le virus. Mais j'ai la mentalité de l'écureuil. Et depuis trente mois, deux tomes des aventures de Tirso dormaient sur une étagère. Voyant dans quel état j'erre, je me suis décidé à décapsuler ce roman d'aventures. Nunc est bibendum. Et c'est assez grisant de se glisser dans la peau de Tirso. Quelques heures d'évasion de ce monde à l'agonie sont toujours bonnes à prendre, même si on ne va pas crier au génie. Une petite lueur, un phare tout au plus.

La littérature est bonne fille, elle suce sans mordre.

Reçu ce matin un livre de mon voisin de Blog. Le plus drôle et féroce qui soit. Chevillard ne mord pas, ne griffe pas. Il lacère, il éviscère. Pauvre Prosper ! Rubrique pour Babelio ou les adorateurs de Prosper prolifèrent : Un seul défaut, trop tôt lu. Même en s'absorbant dans les gondolantes illustrations de Jean-François Martin. Même la vue brouillée par les larmes d'un rire convulsif et irrépressible. Même sidéré par la brutale beauté des pépites invraisemblables dégottées chez Prosper (L'indicible s'en allait dans les eaux écumeuses). Les rhododendrons de leur passion se fanent trop vite. Mais rien ne m'empêchera de relire quelques pages en cas d'amorce de dépression. Citations de Chevillard : Car ils écrivent eux aussi, bien entendu, ces acrimonieux, ils écrivent tout près de leur corps sur un Kleenex vraisemblablement, de petits livres moins intelligibles que la notice en serbo-croate d'un casse-tête chinois.(page 8) La lecture est une

Théophile Gautier et le fantastique.

En cherchant du fantastique, je suis tombé sur une belle nouvelle de Théophile : La Morte amoureuse . Il eût pu l'intituler également le curé nécrophile ou le prêtre somnambule. Moins vendeur sans doute, mais plus précis. Cette lecture m'a évoqué le titre « Astrid » du grand groupe Odeurs , du punk-rock français de 1980 qui fouettait sacrément. Revenons au texte, Clarimonde la goule immonde est beaucoup plus belle et sympathique que le vieil abbé Sérapion qui a la constance du morpion pour sauver l'âme de Romuald. Si j'en crois la conclusion, Gautier se moque de la religion en feignant de l'appuyer : « Ne regardez jamais une femme, et marchez toujours les yeux fixés en terre, car, si chaste et si calme que vous soyez, il suffit d’une minute pour vous faire perdre l’éternité.» La citation de la tentation : « Si tu veux être à moi, je te ferai plus heureux que Dieu lui-même dans son paradis ; les anges te jalouseront. Déchire ce funèbre linceul où tu vas t’envelo

Rendez-vous d'amour dans un pays en guerre. Luis Sepúlveda est mort du Covid-19.

Sepúlveda est mort du Covid-19. Il ne finira pas son dernier roman. Le virus n'est que l'arme. Ses bourreaux s'appellent Friedman et Hayek. Ce sont eux qui ont tué Allende, martyrisé le peuple chilien, et condamné Luis à 28 ans de tôle. Et ce sont eux qui ont diffusé le virus en instillant le poison de leurs funestes théories dans la cervelle molle de nos élites. Ils sont morts, certes, et bien vieux et recouvert de médailles d'or, - dur pour nous pauvres endettés enfiévrés -, mais à défaut d'aller cracher sur leurs tombes, je brûlerai leurs livres cet hiver après les avoir transpercés d'un pieu en châtaignier. J'ai peu de goût pour l' hommage posthume. Cet exercice parait toujours insincère. J'avais mis le dernier livre de Luis lu. Même pas mon préféré, mais je les ai tous aimés. Le Chili a de grands auteurs. Mais Neruda m'intimide. Et les livres de Sepúlveda me persuadaient qu'ils étaient écrits exprès pour moi. Ce jour s'est assombr

Les cons ça ose tout ! Babel noire début d'une collection, le numéro 3

Un bouquin moins plaisant à lire que le bottin. Si la parole d'Audiard sur la caractéristique principale des cons vous échappe, le festival de came vous rafraîchit la mémoire : les cons, ça ose tout ! C'est même à ça qu'on les reconnaît. Abyssal. Hors concours. Les mots me manquent et concomitamment l'oxygène. Passe encore qu'on l'écrive, mais qu'on l'édite, c'est consternant. Et une maison qui a pignon sur rue. Honteux. L'édition étant un service au public, on convoque la concussion, à minima la corruption. Même aux confins de la dépression, lisez plutôt le mode d'emploi de la machine à coudre que ce ténébreux pulp décérébrant. Les étoiles négatives s'imposent pour ce torchon laborieux et méticuleux. Babelio limite. Une sélection d'images délicates de ce morceau d'anthologie du à la plume encalminé du mousse Philippe Colin-Olivier : Elle avait une belle bouche, Clarisse. Il faisait humide. Une nuit spongieuse s'

Le clavecin de Diderot - René Crevel

De la nitroglycérine, un brûlot, mais aussi une gourmandise poétique, politique et philosophique. Découvert en Terminale avec les surréalistes. J'avais appris par cœur la citation sur Marie, pour en faire bénéficier ma prof de philo, royaliste et intégriste. Le résultat dépassa toute mes espérances. Récupéré sur Wikisource, un moment de bonheur intense. La citation : Pour le fils de Marie, de cette pauvre femme qui s'était cru vierge, toujours vierge, enceinte du Saint-Esprit parce que son imbécile de mari n'avait pas su la faire jouir, pour celui dont la vie prénatale, elle-même, s'était trouvée castrée, quelle revanche, lorsque le sexe de l'homme, de son semblable, de son père, d'instrument de fustigation, devint instrument de supplice plus précis, devint la croix, cette croix dont l'érection, au sommet d'une colline, déjà, faisait prévoir la nostalgie phallique, qui, de ses clochers, allait durant des millénaires, encombrer ce monde, qu'un abo

Pensée magique

Confinement et contagion. Je réalise que j'ai choisi blog mol parce qu'il abrite Éric Chevillard. Comme si la promiscuité pouvait me refiler son virus de l'écriture. Dois-je mettre une capote à mon stylo ? Il n'empêche avoir l'auteur de Démolir Nisard comme voisin de blog, la classe...

Rendez-nous les triscottes !

Samedi, temps bouché bien gris. Taureaux mugissants et bruyants, c'est le printemps. Coups de feu matinaux, c'est la 12 mm de O. Cinquième jour de confinement de la république étatique d'en même temps. Neuvième jour de confinement personnel. Retrouvé par hasard, le livre dédicacé de Ryoko Sekiguchi, Le Club des gourmets et autres cuisines japonaises de chez P.O.L.. En cherchant un cahier pour écrire. Parce que j'ai entendu Nothomb, pleine de champagne et de mots heureux, dire qu'elle écrivait dans des cahiers avec un bic crystal bleu. Celui qui bave et qui écrit gros. Pendant trente ans je n'ai jamais utilisé autre chose qu'un bic orange noir, écriture fine mais bavant aussi un peu. Il semble avoir disparu des étals. Comme d'autres produits avant lui. C'est ainsi qu'ils effacent progressivement et en loucedé, mon monde. Par petites touches. Discrètement. Fourbement. Et on se réveille un jour en face d'un cauchemar, une réalité distordue, not

Pénurie

Ils ferment les bibliothèques en période de pénurie de papier toilettes, c'est bête !