In Our Time. 1924. Wops, Wogs, Niggers... I Can't Breathe

J'avais lu, vu ou entendu, je ne sais plus, qu'il fallait absolument lire les premiers livres d'Hemingway paru à Paris. Les éditions « Le bruit du temps » a ressorti « In Our Time » en 2011 et en bilingue. Douze euros les soixante-douze pages. Au kilo, c'est cher. Au poids des mots, c'est cadeau. Du beluga gros grains gris en solde. Long en bouche, frais et corsé. Même si vous êtes médiocrement « fluent in english », la lecture du texte original est aussi facile que stupéfiante de grâce. Si la phrase sonne bien, la férocité des thèmes nous renvoie, un siècle après, à la sauvagerie effrénée de notre temps présent. Un incunable d'Ernest encore disponible, profitez-en.

https://www.lebruitdutemps.fr/

Chapter 9

At two o'clock in the morning two Hungarians got into a cigar store at Fifteenth Street and Grand Avenue. Drevitts and Boyle drove up from the Fifteenth Street police station in a Ford. The Hungarians were backing their wagon out of an alley. Boyle shot one off the seat of the wagon and one out of the wagon box. Drevitts got frightened when he found they were both dead. Hell Jimmy, he said, you oughtn't to have done it. There's liable to be a hell of lot of trouble.
– They're crooks ain't they? said Boyle. They're wops ain't they? Who the hell is going to make any trouble?
– That's all right maybe this time, said Drevitts, but how did you know they were wops when you bumped them?
– Wops, said Boyle, I can tell wops a mile off.

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À deux heures du matin, deux Hongrois entrèrent dans un bureau de tabac au coin de la Quinzième Rue et de la Grande Avenue. La Ford de Drevitts et Boyle, du poste de police de la Quinzième Rue, arriva sur les lieux. Les deux Hongrois sortaient d'une ruelle en marche arrière. Boyle descendit d'abord celui qui était au volant de la camionnette, puis celui qui était à l'arrière. Drevitts prit peur lorsqu'il constata qu'ils étaient morts tous les deux. « Sapristi, Jimmy, dit-il, t'aurais pas dû faire ça. Ça peut nous attirer des tas d'emmerdements.
– Ce sont des truands, non ? dit Boyle. Des macaronis, non ? Alors qui diable va nous faire des emmerdements ?
– Ça ira peut-être pour cette fois, dit Devitts, mais comment savais-tu que c'étaient des macaronis quand tu leur as tiré dessus ?
– Les macaronis, répliqua Boyle, je les flaire à un kilomètre. »

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