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La course de l'oursin, le soir, au-dessous des jonques...

 Autobiographie d'un poulpe — Vinciane Despret Actes Sud 04/2021 Amusant. Les murs en merde cubique de wombats sont-ils des créations littéraires ? Des combats contre l'oubli ? Troublant. Les écrits vains sont-ils le produit de la métempsychose de marsupiaux australiens ? Oscillation sans cesse rebondissante entre gag surréaliste et recherche décalée enfin débarrassée d'un anthropomorphisme aussi pesant qu'omniprésent. Décodage ou des conneries, là est la question. À chaque lecteur sa traduction du leurre à l'encre de seiche assurément d'une poésie aussi zoologique que logique. Pour ma part ma conversion est faite, au poulpe je crois. Extrait : Le biologiste du début du siècle du XXe siècle Jakob von Uexküll disait que, lorsqu'un chien court, il meut ses pattes alors que, lorsqu'un oursin court, ses pattes le meuvent. (page 91)

Au sommet de son art

 Dernière communication à la société proustienne de Barcelone – Mathias Enard – Inculte 09/2016 Vers libres et bouts rimés, entrecoupés d'espagnol, d'arabe et même de cyrillique, du serbe peut-être, pour voyager vers le sud, vers la méditerranée, l'orient, la Russie et la Pologne. Une poésie facile à lire, qui s'inspire des classiques, et qui emmêle géographie, souvenirs et réminiscences littéraires. Un kaléidoscope d'émotions et de couleurs, d'odeurs et de mélancolie. Une belle préface d'Olivier Rolin qui met en évidence le talent de Mathias.   Extraits : Ballade du bar Marsella Ma fée verte à moi c'est ton cul Les anciennes folies perdues Les recoins les moins arpentés Les rêves les moins fréquentés Les substances troubles qui réparent Mais t'allument en moi comme un phare Tout ce qui que quand on fume La nuit se constelle d'amertume. L'opium qu'on avale en Iran Dans des pipes pas en bruyère Je te vois si belle en tirant Sur le bambou i

Par bonheur, je ne suis revenu de rien.

Sang lié – David BOSC – Éditions Allia Août 2005.   À ne pas mettre entre toutes les mains. Réservés aux initiés éveillés. Ballades sans balises. Pour ceux qui aiment se perdre. Pour nager dans le déroutant à contre-courant. Attention la DL50 est basse. Espacez les prises. Digérez la drouille*. Remâchez la roubine*. Et rotez emmi*. Résumé difficile, amour-miroir, sexe et sangliers. Beaucoup d'images, d'eaux-fortes.  Bosc, retenez ce nom d'un romancier du trompe-l'œil. * Drouille (page 47) : Terme région. propre aux dial. du Nord, « colique ». Roubine (page 71) : Petit canal d'assainissement ou destiné à l'irrigation. Emmi (page 75) : au milieu. Extrait : J'ai de la langue une image qui me tient. Je vois ces cavaliers en déroute, perdus dans la neige, qui durent éventrer leurs chevaux pour retarder le moment de mourir de froid. Le cheval agonisant est encore chaud ; le cavalier s'enfonce par l'ouverture qu'il a tracé d'un grand coup de sabre ;

Chemins faisant. Philippe DENIS

 Dans le jamais où moindre et moindre n'ont jamais fait somme je compte une à une les vagues de la terre — je m'éteins je suis de retour vibrant et multiple comme un envol.