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Affichage des articles associés au libellé humour

Ne jetez pas la pierre

 N'exagérons rien ! — Donald E. Westlake — Super noire n° 101 Mai 1978 Un excellent moment de lecture avec le numéro 101 de l'éphémère série super noire. Un polar pour les amoureux du septième art. Une bouffée de nostalgie pour les années 70. Carey Thorpe, critique de cinéma, assassin occasionnel et addict au Valium, se révèle être un redoutable détective. Un livre aussi plein d'humour que de cadavres et garanti 100% sans morale. Mais avec une mise en garde, mise en vers par Brassens : « sur les femmes de flics, ne jetez pas votre dévolu, cette faute de goût, ne la commettez plus ! » Extrait : Patricia Staples n'était pas du tout désagréable à regarder mais, bonté divine, quelle pénitence que de l'écouter ! De taille et de poids moyens, des cheveux blonds soyeux, de grands yeux bleus innocents, des lèvres roses et un nez droit, elle avait l'air d'une fille sur un paquet de flocons d'avoine ou sur une couverture de Liberty Magazine de 1943, et rien qu'

Rien ne va plus !

 Sombre complice — Jim Nisbet – Rivages/noir 10/2005 Sombre polar. Banerjhee est un époux attentionné, un père responsable, un chimiste exceptionnel, un employé loyal et un citoyen respectueux des lois. Las, les financiers libéraux l'expulseront de son job et la poisse au cul verdâtre le mènera au mauvais endroit, là où les frontières entre flics et voyous sont bien trop flous. Les jeux sont faits. Rien ne va plus. Un livre plein de nostalgie et d'ironie sur une société absurde et dure qui nous pousse vers la dernière sortie. Extrait : Garder rancune, c'est comme laisser vivre quelqu'un dans sa tête gratos, sans loyer à payer. Panneau vu au bord de la route à Ogeden, Caroline du Nord. (page 11)

Fin de partie en Zoldavie ?

 Train perdu wagon mort — Jean-Bernard Pouy — Points 03/2008 Pouy nous entraîne dans un wagon-lit à destination de la Zoldavie sur des rails étranges dans une réalité parallèle, un trou noir à train. Dix-huit pékins perdus dans la plaine zoldave. Et bien sûr, les portables ne passent pas, mais les heures passent, l'inquiétude croît et les fulmènes(1) puent. Dans le wagon isolé, immobile, démarre un roman noir oppressant, un cauchemar de questions sans réponses. Des morts mystérieuses, un rapport secret, un espion, une rousse sexy et rock'n roll, des avions en rase-mottes, des tracteurs soviétique convertis en locomotive feront avancer le récit et augmenteront la tension. Guerre, pandémie, manipulation, toutes les options restent ouvertes. Cette longue nouvelle rudement bien menée fait écho à notre siècle où s'accumoncèlent  les inquiétudes et les questions et que nous quitterons sans réponse. Du bon Pouy, sombre, ironique et philosophique qui nous abandonne dans une partie

Arrah, Patsy, mind the baby

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 Stalky & Cie – Rudyard Kipling – Le livre de poche 1961 N° 750 Lu à la fin des années soixante alors que j'étais un misérable fag d'un bahut de province. J'ai beaucoup ri et beaucoup appris. J'ai pris aussi le goût des citations latines, des proverbes abscons et des auteurs de la perfide Albion. J'ai découvert que Browning n'était pas qu'un bon inventeur d'automatique et que l'anglais pouvait juger pire que le meurtre le tir au fusil contre le renard. J'ai observé que la guérilla devait emprunter ses armes à l'ennemi pour les retourner contre lui. J'ai regretté que les institutions aient dressé des générations à justifier l'injustifiable. Mais Stalky reste et restera mon Kipling préféré et un chef-d'œuvre mésestimé. Aujourd'hui la mode est a déboulonner les statues, mais faut-il mettre à l'index un livre parce son auteur a chanté la gloire du colonialisme et envoyé son fils bigleux à l'abattoir? Extraits : “But

Antivax, crécelle et entonnoir

E.C. mon voisin de blog à écrit un billet plein d'humour, sur l'appli crécelle pour remplacer le passe sanitaire. Avec l'antienne sur la liberté.  Les antivax diffusent le coronavirus, et en même temps le virus de la connerie, le virus du nationalisme et le virus de l'extrême droite. Je ne défilerai pas avec Florian Philippot, Nicolas Dupont-Aignan et Martine Wonner. La liberté de contaminer son prochain est aussi sympathique que la liberté de gazer des nazis. Brassens, mon chanteur préféré, a renvoyé dos à dos les oncles Martin et Gaston malgré l'épaisse fumée sortie d'Auschwitz. Plutôt que la crécelle, je suggère le port obligatoire de l'entonnoir pour les antivax.

Well... nobody's perfect!

 Jonathan Latimer — Gardénia rouge — Rivages/Noir 03/1986 ISBN 9782869300040 La dernière et une des meilleures aventures de Bill Crane, un brillant privé qui démêle les fils d'une intrigue bien embrouillée. C'est aussi un alcoolique. Well... nobody's perfect! Il est accompagné par une blonde somptueuse et astucieuse qui joue le rôle de son épouse car l'enquête dans un milieu prétentieux et snob impose la discrétion. Le troisième larron, Doc Williams, jouera le chauffeur avant de démontrer ses talents au revolver. C'est le premier hard-boiled classique où une femme fatale est en même temps détective. Les morts sont empoisonnés au monoxyde de carbone, meurtre, accident ou suicide ? Bill attendra la dernière page du roman pour révéler la vérité au lecteur médusé par son talent et ses méthodes. Édité en anglais en 1939, ce polar plein d'humour sera publié en France grâce à François Guérif, d'abord chez Red Label, puis chez Rivages (n°3 1986) dans une très bonne

La faillite des élites ou la rétorsion des cons ? – Der Teufel soll den Kerl buserieren !

   Je ne crois pas trop à l'effondrement du QI. La connerie est transgénérationnelle. Mais de toute évidence elle était plus discrète au siècle dernier. Elle devient prétentieuse, impérieuse et omniprésente. J'en veux pour preuve les réactions au dessin de Xavier Gorce dans le journal Le Monde . Les cons veulent interdire ce qu'ils ne comprennent pas, autant dire qu'on est pas rendu. Je ne peux même pas boycotter Le Monde pour protester. Je l'ai déjà quitté depuis le couple Minc-Colombani. La légende du dessin de Gorce : "Si j'ai été abusée par le demi-frère adoptif de la compagne de mon père transgenre devenu ma mère, est-ce un inceste ?" Pour les demeurés inaccessibles à l'humour, je leur répondrai en allemand : « Der Teufel soll den Kerl buserieren ! »

Défense d'un très vieux nouveau philosophe, Alain le faux...

 Ce pauvre blanc de la culture est encore une fois vilipendé pour des propos mal compris. Bien sûr, Alain Finkelkraut n'a jamais voulu disculper un pédophile violeur en s'interrogeant sur le consentement de la jeune victime. C'était de l'humour ! La mise au point d'un sketch pour sa reconversion en gagman. La France est déprimante, on ne peut plus rigoler avec le viol  et les gosses comme au bon vieux temps des colonies et de l'adjudant Kronenbourg : « Dans le cul, dans le cul la balayette, les poils et l'étiquette avec ».

La Belgique, patrie du non sens ?

La Salle de bain  – Jean-Philippe Toussaint – Les éditions de minuit Juin 1985 Je n'ai jamais rien lu de tel. Ceci n'est pas un roman, mais un OLNI très réjouissant. Je souhaite bien du plaisir aux obsédés des résumés pour expliquer que les pétoncles remplacent les clams qui devraient être des palourdes et que les poulpes se transforment ou se déguisent en calmars. Sans compter les peintres polonais de galerie et en bâtiment, et de l'avantage de jouer au tennis plutôt qu'aux fléchettes à Venise. Bref, si 2020 est bien une année de merde, comme le laissait prévoir son bégaiement visuel et que son redoublement de confinement confirme, c'est en même temps pour moi un excellent millésime en découvertes littéraires. Dix étoiles babelioteuses ne suffiraient pas à exprimer mon enthousiasme pour Toussaint, il m'en faudrait un carton plein. Pour autant je ne recommande pas la salle de bain, trop subversif.      Je bus un café succinct, demandai des cigarette

Kurtz m'habite

 Kurtz – Jean-Marc Aubert – Fayard juin 1998  « Missié Kurtz — lui, mort » – Joseph Conrad  Auteur découvert au travers de Chevillard. Attiré par le titre, sec et bref, promesse conradienne. Le fond : une affaire d'amour peu ordinaire. Le style : précision chirurgicale et extrême dépouillement. Le tout : une œuvre puissante, surprenante, sortant vraiment des sentiers battus et pétrie d'humour froid, – le contraire de Prosper. Conclusion : ravissement du chercheur d'or mettant la main sur un bon filon. Prochaine rando, bambous.   Extraits :  Comme une grosse boule verte, la terre fonçait dans le vide à une vitesse effarante. Des objets célestes venaient s'y fracasser dans un tumulte épouvantable. Cependant, les êtres qui s'y accrochaient vivaient dans la plus incroyable inconscience, se déplaçaient sur leurs petites jambes, gesticulaient vainement, continuaient à manger, à dormir, à s'aimer et à se faire souffrir. J'étais atterré et attendais, pour ma part,

Incuriosité et moutonnier riment et rament chez Babelio

J'ai collationné plus de 300 livres sur ce réseau dont le mystérieux processus informatique prétend vous trouver des âmes sœurs après 50 sélections. t’choufa ! I stand alone.  I'm happy. Like Droopy. Extrait d'entretien d'E.C.(1) chez Article11 : La littérature ne concerne de toute façon vraiment qu’un très petit nombre de gens, parmi lesquels une bonne moitié de simulateurs. N’oublions jamais que presque tout le monde vit sans littérature et s’en passe aussi aisément que d’une cornemuse ou d’un hibou dans le grenier.   (1) E.C. et J.C. se contentent d'initiales.

Couvrez ce sein, que je ne saurais voir. The gay boys aren't gay at all

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Bookporn II The Corpse on the Dike - Janwillem van de Wetering - 1976 (10/18 - Juin 1986) La troisième enquête du commissaire et des deux G., ma jauge des Wetering à découvrir s'approche du zéro. Délicieusement loufoque, avec un chat a demi moustachu, une souris qui balance et même un éléphant savant. Plus proche d'Alice que de Maigret. On découvre une hollande libérale et libertaire, bien éloignée de notre hexagone inquisiteur et jacobin. Les trois policiers reconstitueront le puzzle en méditant. Le zen est toujours omniprésent. Et le mauvais karma du criminel scellera son sort. Une citation troublante : (Page 158)  Il prit brusquement conscience d'un fait qu'il du mal à admettre. Pour eux nous sommes des infidèles, se dit-il. Leur foi est si profonde que ne pas collaborer, c'est trahir. Ils sont prêts à sortir les armes, l'épée ou le pistolet, par acte de foi, simplement pour amener quelqu'un à reconnaître leur vérité. Si l'infidèle refuse d&

Solomon Gursky de Mordecaï Richler

C'est une époque épique que décrit Mordecaï. Whisky, poker et libre entourloupe. Roman incomparable, dense, touffu et complexe. Exigeant et difficile parfois. Mais indubitablement un chef d'œuvre. Et une voix très originale. J'en reprendrai. Après une pause quand même. Pour une critique plus détaillée, je vous renvoie à celle d'Izabou du 5 septembre 2018. Appréciable et convaincante. 05 septembre 2018     Izabou(Babelio)     Moses Berger est obsédé par un homme, Solomon Gursky, riche homme d'affaire canadien, décédé dans un accident d'avion alors qu'il était accusé d'avoir orchestré le meurtre d'un de ses employé. du reste, accident ou meurtre, cela reste ouvert. Son frère, jaloux, n'aurait-il pas chercher à le tuer? Alors Moses cherche.... longtemps.... Solomon Gursky est l'un des trois frères Gursky qui ont érigé un empire de sociétés diverses et variées, notamment d'alcool, à la force des magouilles, pots de vins et trafics en tout gen

La littérature est bonne fille, elle suce sans mordre.

Reçu ce matin un livre de mon voisin de Blog. Le plus drôle et féroce qui soit. Chevillard ne mord pas, ne griffe pas. Il lacère, il éviscère. Pauvre Prosper ! Rubrique pour Babelio ou les adorateurs de Prosper prolifèrent : Un seul défaut, trop tôt lu. Même en s'absorbant dans les gondolantes illustrations de Jean-François Martin. Même la vue brouillée par les larmes d'un rire convulsif et irrépressible. Même sidéré par la brutale beauté des pépites invraisemblables dégottées chez Prosper (L'indicible s'en allait dans les eaux écumeuses). Les rhododendrons de leur passion se fanent trop vite. Mais rien ne m'empêchera de relire quelques pages en cas d'amorce de dépression. Citations de Chevillard : Car ils écrivent eux aussi, bien entendu, ces acrimonieux, ils écrivent tout près de leur corps sur un Kleenex vraisemblablement, de petits livres moins intelligibles que la notice en serbo-croate d'un casse-tête chinois.(page 8) La lecture est une

Théophile Gautier et le fantastique.

En cherchant du fantastique, je suis tombé sur une belle nouvelle de Théophile : La Morte amoureuse . Il eût pu l'intituler également le curé nécrophile ou le prêtre somnambule. Moins vendeur sans doute, mais plus précis. Cette lecture m'a évoqué le titre « Astrid » du grand groupe Odeurs , du punk-rock français de 1980 qui fouettait sacrément. Revenons au texte, Clarimonde la goule immonde est beaucoup plus belle et sympathique que le vieil abbé Sérapion qui a la constance du morpion pour sauver l'âme de Romuald. Si j'en crois la conclusion, Gautier se moque de la religion en feignant de l'appuyer : « Ne regardez jamais une femme, et marchez toujours les yeux fixés en terre, car, si chaste et si calme que vous soyez, il suffit d’une minute pour vous faire perdre l’éternité.» La citation de la tentation : « Si tu veux être à moi, je te ferai plus heureux que Dieu lui-même dans son paradis ; les anges te jalouseront. Déchire ce funèbre linceul où tu vas t’envelo

Vie et mort de Gérard Fulmard par Echenoz le Grandiose

Fini Fulmard, avec moins d'enthousiasme à la fin qu'au départ. Je crains qu'il est même lassé son créateur, il le navre avec son arme et l'abandonne sous la neige et sur le pont Mirabeau. Il n'empêche qu'Echenoz qui ose tout, m'enchante les oreilles et me ravit. Le fait de l'avoir découvert tard me navre mais pour autant je me réjouis d'avoir trouver un nouveau filon. J'ai chroniqué sur Babelio en pastichant Whisky-Cointreau, on s'amuse comme on peut. La copie du procès-verbal : Faut-il que j'apprécie la prose d'Echenoz pour enfreindre un de mes interdits majeurs : achat de livres à l'hypermarché. Mais Covid oblige et Fulmard tardait. Gérard me taraudait. Sa médiocrité nous rehausse. Ses turpitudes redorent notre vertu. Et les allitérations sifflantes, chuintantes et tonitruantes de ce poème à l'humour féroce et tendre nous consolent de n'avoir pas vu Gérard s'envoyant la veuve au vol.  Sous le pont M

Défense et contre-attaque

Marc Kerléro n'est pas un compétiteur né. Son tableau reste modeste pour un professionnel de ce sport. Ce n'est pas non plus un théoricien prolifique comme Pierre Schmeil, ou un explorateur de la statistique comme Jean René Vernes. Mais c'est un pédagogue hors pair. Il possède l'art de rendre compréhensible des probabilités contre intuitives au bridgeur le plus obtus. Le système décrit dans ce livre a peut-être vieilli - je suis toujours croyant, mais plus pratiquant -, mais l'intelligence du jeu qui s'y déploie brille toujours d'un éclat soutenu. Et ce n'est pas par hasard qu'il s'était associé pour cet ouvrage à un gentleman du bridge, qui en dehors d'un palmarès flatteur, avait hérité ou mérité un surnom : le Professeur. Je ne résiste pas au plaisir de vous rapporter une savoureuse anecdote sur les auteurs de livre sur le bridge. Paul Chemla, immense joueur, à la silhouette similaire à la mascotte d'un fabricant de pneu, et redouté po