FRANCE CUL : L'enfer du bookporn


 
Ceci n'est pas une pipe.


C'est du bookporn. Une première pour ce site.

Je laisse la parole à GMS :
Pourquoi afficher ses lectures sur les réseaux sociaux a-t-il quelque chose de profondément gênant ? Cet été, et je me demande comment ça avait pu m’échapper jusque-là, j’ai remarqué une nouvelle manie sur les réseaux sociaux : afficher ses lectures. Après le foodporn qui consiste à montrer les plats qu’on mange ou qu’on cuisine, voici donc le bookporn où on met en scène les livres qu’on lit, des citations qu’on aime et où l’on fait des classements de ses romans préférés.

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Pourquoi imaginer qu’en citant l’incipit du dernier roman d’Emmanuel Carrère, vous ferez partie d’une aristocratie des lecteurs ?  qu’en partageant une couverture du Deuxième sexe de Simone de Beauvoir, vous serez enfin féministe ? Et qu’en établissant le classement de vos romans préférés, vous obtiendrez une caution intellectuelle ? En fait, c’est là tout le problème : pourquoi penser que le livre, qu’une citation, qu’une couverture, dise quoi que ce soit de vous, de soi, vous rende plus présentable, plus sérieux ?

Singularisation de l'esprit

Là est le véritable enjeu, et je crois, la cause de mon agacement face à ces clichés : non pas le fait que le livre devienne un objet démocratique, un accessoire cool, une posture, mais le fait qu’il devienne un prolongement vivant et singulier de la personne, la condition indispensable pour que celle-ci se sente exceptionnelle, au-dessus des autres, aristocratique.

Mais pourquoi un individu se sentirait-il exceptionnel, particulier, intéressant, seulement parce qu’il a des adjuvants acceptables et présentables du type littérature ?

Certes, lire peut nous rendre meilleur, mais pourquoi lire nous rendrait-il meilleur aux yeux des autres et que les autres ? 

L'intégrale de l'article de Géraldine Mosna-Savoye :

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