Fin de partie en Zoldavie ?

 Train perdu wagon mort — Jean-Bernard Pouy — Points 03/2008


Pouy nous entraîne dans un wagon-lit à destination de la Zoldavie sur des rails étranges dans une réalité parallèle, un trou noir à train. Dix-huit pékins perdus dans la plaine zoldave. Et bien sûr, les portables ne passent pas, mais les heures passent, l'inquiétude croît et les fulmènes(1) puent. Dans le wagon isolé, immobile, démarre un roman noir oppressant, un cauchemar de questions sans réponses. Des morts mystérieuses, un rapport secret, un espion, une rousse sexy et rock'n roll, des avions en rase-mottes, des tracteurs soviétique convertis en locomotive feront avancer le récit et augmenteront la tension. Guerre, pandémie, manipulation, toutes les options restent ouvertes. Cette longue nouvelle rudement bien menée fait écho à notre siècle où s'accumoncèlent  les inquiétudes et les questions et que nous quitterons sans réponse. Du bon Pouy, sombre, ironique et philosophique qui nous abandonne dans une partie sans issue et sans score.

(1) Plante indigène de Zoldavie servant à produire un alcool fort et imbuvable.


Extraits :

À mon âge, je ne vais pas me laisser emmerder par des petits jeunes qui, si on leur presse le nez, pissent, à grands jets huileux, une naïveté idéologique vraiment confondante... (page 13)

Il faisait presque chaud, comme si un vent puant se levait sur ce bout du monde. C'était sans doute l'odeur un peu écœurante de ces grandes plantes inutiles qui encadraient la voie ferrée, comme les cistes que l'on rencontre un peu partout en Corse. (page 21)

Le sifflard, en Zoldavie, c'est au moins aussi côté que le caviar. (page 31)

— Vous qui êtes du coin, ils sont comment, les avions zoldaviens ?

— Comme les vôtres. C'est vous qui nous les avez vendus. (page 127)

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