Solomon Gursky de Mordecaï Richler

C'est une époque épique que décrit Mordecaï. Whisky, poker et libre entourloupe.

Roman incomparable, dense, touffu et complexe. Exigeant et difficile parfois. Mais indubitablement un chef d'œuvre. Et une voix très originale. J'en reprendrai. Après une pause quand même.

Pour une critique plus détaillée, je vous renvoie à celle d'Izabou du 5 septembre 2018. Appréciable et convaincante.

05 septembre 2018
   
Izabou(Babelio)
   
Moses Berger est obsédé par un homme, Solomon Gursky, riche homme d'affaire canadien, décédé dans un accident d'avion alors qu'il était accusé d'avoir orchestré le meurtre d'un de ses employé. du reste, accident ou meurtre, cela reste ouvert. Son frère, jaloux, n'aurait-il pas chercher à le tuer?
Alors Moses cherche.... longtemps....
Solomon Gursky est l'un des trois frères Gursky qui ont érigé un empire de sociétés diverses et variées, notamment d'alcool, à la force des magouilles, pots de vins et trafics en tout genre.
Mais d'où vient Solomon? D'où viennent les Gursky, cette famille juive puissante pesant des milliards, dont l'empire s'est construit sur une génération, à la faveur de la Prohibition?
Le roman n'aura de cesse de faire des allers et retours chronologiques (de 1830 à 1983), rendant le lecteur véritable funambule sur le fil du temps, dans un tissage virtuose qui va en révéler chaque fois un peu plus sur l'histoire des Gursky, depuis le grand-père, Ephraïm, par qui tout arrive, histoire à la fois mythe et mystification, raconté du point de vue Moses, du point de vue de ses documents d'études et de ce que racontent les témoins, mais aussi du point de vue d'un narrateur qui donne accès à la vérité des évènements, peut-être le corbeau qui plane sur l'histoire des Gursky depuis Ephraïm...
Nous voyageons dans l'espace, nous voyageons dans le temps.
L'Histoire du Canada se mêle au mythe et à la mystification.
Nous sommes au Canada, principalement à Montréal, et dans l'Arctique, mais aussi à New-York, à Londres, en Afrique..
Nous sommes au temps de la conquête des terres canadiennes, mais participons également à l'expédition Franklin dans le froid, très froid de l'Arctique. Nous tâtons de la geôle britannique et participons aux mondanités des riches hommes d'affaires.
L'arrivisme, la fourberie, la corruption d'une certaine société canadienne est un des thèmes du livre (corruption du pouvoir, qu'il soit financier ou politique), mais les idéalistes n'ont pas un portrait plus flatteur. L'antisémitisme est aussi en question (qu'a donc fait le Canada pendant la seconde Guerre Mondiale, quand tant de Juifs ont frappé à sa porte).
Et qu'en est-il de la famille? Des relations parents-enfants, des jalousies fraternelles, des héritages? Comment s'y faire une place?
Et l'amour?
Le ton est souvent cru. le roman joue d'un humour acide pour ne pas être amer. Car si l'homme peut être grand, il est souvent bien empêtré dans son humanité pas toujours jolie à voir, il faut bien faire avec...
Mordécaï Richler est un sorcier de l'écriture. Je suis tombée sous son charme.

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