Arrah, Patsy, mind the baby

 Stalky & Cie – Rudyard Kipling – Le livre de poche 1961 N° 750




Lu à la fin des années soixante alors que j'étais un misérable fag d'un bahut de province. J'ai beaucoup ri et beaucoup appris. J'ai pris aussi le goût des citations latines, des proverbes abscons et des auteurs de la perfide Albion. J'ai découvert que Browning n'était pas qu'un bon inventeur d'automatique et que l'anglais pouvait juger pire que le meurtre le tir au fusil contre le renard. J'ai observé que la guérilla devait emprunter ses armes à l'ennemi pour les retourner contre lui. J'ai regretté que les institutions aient dressé des générations à justifier l'injustifiable. Mais Stalky reste et restera mon Kipling préféré et un chef-d'œuvre mésestimé. Aujourd'hui la mode est a déboulonner les statues, mais faut-il mettre à l'index un livre parce son auteur a chanté la gloire du colonialisme et envoyé son fils bigleux à l'abattoir?

Extraits :

“But it wasn't fair, Stalky.”
“My Hat! You've been here six years, and you expect fairness. Well, you are a dithering idiot.”

« Mais Stalky, ce n'était pas juste. »
« Bon Dieu ! il y a six ans que tu es ici et tu demandes de la justice ! parole d'honneur, tu es complètement idiot. »

It seems—and who so astonished as they?—that they had held back material facts; were guilty both of suppressio veri and suggestio falsi (well-known gods against whom they often offended); further, that they were malignant in their dispositions, untrustworthy in their characters, pernicious and revolutionary in their influences, abandoned to the devils of wilfulness, pride, and a most intolerable conceit.

Ils apprirent – personne n'en fut plus étonné qu'eux – qu'ils avaient passé sous silence des faits essentiels et qu'ils étaient coupables à la fois de suppressio veri et de suggestio falsi (divinités bien connues qu'ils offensaient souvent). On les informa en outre que leur nature était mauvaise, leur conduite très sujette à caution, leur exemple pernicieux et révolutionnaire, leur caractère, enfin, livré aux démons de l'entêtement, de la vanité et de l'orgueil le plus intolérable.

“Lo-look here, sir. Do--do you shoot foxes? Because, if you don't, your keeper does. We've seen him! I do-don't care what you call us--but it's an awful thing. It's the ruin of good feelin' among neighbors. A ma-man ought to say once and for all how he stands about preservin'. It's worse than murder, because there's no legal remedy.” McTurk was quoting confusedly from his father, while the old gentleman made noises in his throat.

« Vo-voyons, Monsieur, tu-tuez-vous vos renards à coups de fusil ? Si ce n'est pas vous, c'est votre garde ! Nous l'avons vu ! vous pou-pouvez nous dire tout les sottises que vous-voudrez — mais c'est une chose abominable. Il y a de quoi vous faire montrer au doigt dans le pays. Un propriétaire devrait dire tout de suite et une fois pour toutes s'il entend protéger les chasses au renard. C'est pire qu'un meurtre puisqu'il n'y a pas de recours légal. » M'Turk citait au hasard des bribes de discours de son père tandis que le vieux monsieur râlait presque de fureur.

 


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