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Affichage des articles associés au libellé Politique

La clarté Bantigny

Les « XXe siècle » français - La France et les Français de 1914 à nos jours -  Ludivine Bantigny – ellipses – Avril 2006 – ISBN 9782729825614  Écoutant d'une oreille à la fois distraite et agacée, une émission de Marc Weitzmann sur France Cul où un néo-philosophe camouflait des pensées simplettes et réactionnaires dans un maelstrom de faits et de concepts disparates, je fus frappé par l'intervention claire et précise d'une historienne, Ludivine Bantigny. J'ai donc emprunté le seul livre de cette auteure existant dans ma médiathèque. La France et les Français de 1914 à nos jours, quatre-vingt-onze ans d'histoire de France, deux guerres mondiales et trois républiques en cent-quatre-vingts pages, un bel exploit de concision et de clarté. Elle distingue trois phases, la première ou la guerre totale créera l'état qui s'occupe de tout, la deuxième issue de la défaite de la France et de ses élites où l'état keynésien régnera en maitre, et la dernière en 1970 o

Vaillant cœur breton et pognon sale du sang bleu.

 Richesse oblige — Hannelore Cayre — Métailié 2020   Jouissif, instructif et inventif, je kiffe encore Cayre pour son odyssée d'une fracassée cocasse. Cocasse, mais efficace dans la traque et l'effacement d'ignobles vampires affairistes aussi assoiffés de sous que de sang. Le montage en parallèle de la Commune et de notre époque déliquescente est glaçant. Thiers et la FNSEA dans le même bateau, reste à espérer que nous ne finirons pas sous l'eau. Extraits : … je suis tombée sur une phrase de Flaubert aussi méprisante que pertinente : “Le peuple accepte tous les tyrans pourvu qu’on lui laisse le museau dans la gamelle.” Chaque fois qu’on la lui retire, sa gamelle, au peuple, il gueule et descend dans les rues manifester alors que les ressources se raréfient, qu’il n’y a plus d’animaux, que les saisons se déglinguent et que la mer est pleine de plastique. On n’ira nulle part comme ça. Alors l’idée m’est venue de faire en sorte qu’il la trouve tellement dégueulasse

L'homme aux semelles de vent

  J'ai mis mon Rimbaud pour le panthéon. Heureusement l'aquoibonisme m'a stoppé. La polémique sur le sujet est le but recherché. le silence et le mépris sont donc les meilleures réponses. J'ai eu le tort de survoler quelques critiques, Arthur me parait aussi incompris aujourd'hui qu'hier.  Chronique assez faible postée sur Babelio le 9 octobre. J'ai trouvé bien plus fort chez Poezibao : https://poezibao.typepad.com/files/des-ennemis-jur%C3%A9s_.pdf Les ennemis jurés d’Arthur Rimbaud et de Paul Verlaine   Une pétition fut ouverte en septembre 2020, patronnée par une douzaine de ministres, pour demander sérieusement l’

Sylvie Brunel, Claude Allègre : Les Rakshasa de l'obscurantisme.

 Ils partagent un brillant parcours universitaire et les oripeaux d'une bonne conscience généreuse, la gauche et l'humanitaire.   Mais à l'inverse du scorsonère, la peau blanche recèle une âme bien noire.  Niant l'effet de serre ou l'effet délétère de la colonisation, louant les OGM, les pesticides et les dérégulations, mentant comme un vulgaire Trump, mais parés des plumes du savoir scientifique. Allègre frappé par l'âge et la maladie a disparu du PAF, Brunel est omniprésente sur Arte et sur France Cul. Peut-être la Covid...

Anarchaos : Un pamphlet anti Trump prémonitoire.

Anarchaos - Le gagnant - Hydre – Denoël oct 1991 – Donald E. Westlake L'incursion de Westlake dans la SF. Un roman de facture apparemment classique - on songe à Jack Vance - et deux courtes nouvelles très toniques, écologique et politique. Le maître est à l'aise dans ce genre. Rolf, son héros est un cousin colérique de Parker qui vient sur Anarchaos pour régler ses comptes. Une planète au système politique terrifiant pour un américain, l'anarchie. Le seul truc encore pire que le communisme. Westlake massacre particulièrement le pauvre Mikhail Bakounine, sans oublier Proudhon, Kropotkine, Sorel, Netchaïev, Godwin, Tucker, Warren, Stirner... un vrai catalogue. Ou un écran de fumée pour dissimuler son véritable objectif ? Car Rolf va subir une terrible initiation dans les camps d'esclaves d'Anarchaos et accéder à un niveau de conscience qui va le débarrasser de ses accès colériques. Mais il deviendra encore plus incisif et définitif pour les vrais responsables du

Le Président : Henri Verneuil, Jean Gabin. 1960.

Prescience ou double vue ? :  « Et maintenant, permettez-moi de conclure. Vous allez faire avec les amis de M. Chalamont l'Europe de la fortune contre celle du travail, l'Europe de l'industrie lourde contre celle de la paix. Eh bien  cette Europe-là, vous la ferez sans moi, je vous la laisse ! » 

Amy Foster. Joseph Conrad (1857-1924)

Roman court, mais lourd de sens et bien attristant. Déjà lu au début des années soixante-dix dans la première traduction de G. Jean Aubry. Époque où la magie conradienne m'avait déjà séduit, même si je n'en avais pas perçu toute l'étendue. La cruauté de l'humanité, par ignorance ou par croyance, m'avait profondément touché. La traduction d'Odette Lamolle est habile, plaisante et respecte bien le texte original. Quoique. « And as the bobtailed, long-necked chestnut, trying to get his head, jerked the left hand, covered by a thick dog-skin glove, the doctor raised his voice over the hedge: “How’s your child, Amy?”  » devient Et tandis que le cob bai à longue encolure, essayant de s'échapper, résistait à l'action de sa main gauche gantée de porc, le docteur cria par dessus la haie : — Comment va le petit, Amy ? Le chien devient cochon. Transmutation ? Politically correct? Comme « Ten Little Niggers » mute en « Ten Little Indians » ? La falsifi

In Our Time. 1924. Wops, Wogs, Niggers... I Can't Breathe

J'avais lu, vu ou entendu, je ne sais plus, qu'il fallait absolument lire les premiers livres d'Hemingway paru à Paris. Les éditions « Le bruit du temps » a ressorti « In Our Time » en 2011 et en bilingue. Douze euros les soixante-douze pages. Au kilo, c'est cher. Au poids des mots, c'est cadeau. Du beluga gros grains gris en solde. Long en bouche, frais et corsé. Même si vous êtes médiocrement « fluent in english », la lecture du texte original est aussi facile que stupéfiante de grâce. Si la phrase sonne bien, la férocité des thèmes nous renvoie, un siècle après, à la sauvagerie effrénée de notre temps présent. Un incunable d'Ernest encore disponible, profitez-en. https://www.lebruitdutemps.fr/ Chapter 9 At two o'clock in the morning two Hungarians got into a cigar store at Fifteenth Street and Grand Avenue. Drevitts and Boyle drove up from the Fifteenth Street police station in a Ford. The Hungarians were backing their wagon out of an alley. Boyle shot

Québec, recherches et média.

 En cherchant des informations sur les recherches d'un anthropologue, Bernard Chapais, j'ai découvert un site du Québec, Paroles de chercheur(e)s. [https://www.parolesdechercheurs.com/accueil]   Nos cousins québecois qui sont assurément inventifs, ont interrogé 41 chercheur(e)s sur quatre thèmes : l'université, la figure de l'intellectuel, la recherche indépendante et en conclusion Menaces et péril ? La réponse de Chapais à la figure de l'intellectuel m'a beaucoup surpris et séduit. Partant du fait que la culture sert à un groupe pour assurer sa domination sur les autres, l'intellectuel, décrypteur de la complexité du monde, est celui qui met en évidence les mécanismes de cette action.

PCIS, les harkis de la bourgeoisie ?

Un article de Pierre Rimbert sur le Monde Diplo d'Août. Pas les harkis, mais les mandarins ou les brahmanes, férocement inégalitaires... Extraits : Mais combien compte-t-on de Sartre, de Simone de Beauvoir et de Pierre Bourdieu face aux millions de manageurs, juristes et urbanistes dociles   ? Le mythe survit pourtant, car les professions intellectuelles écrivent l’histoire de tous les groupes sociaux, y compris la leur. Pour justifier la création de l’École libre des sciences politiques — qui deviendra Sciences Po —, le professeur Émile Boutmy fit, en 1871, cette déclaration restée célèbre : «   Contraintes de subir le droit du plus nombreux, les classes qui se nomment elles-mêmes les classes élevées ne peuvent conserver leur hégémonie politique qu’en invoquant le droit du plus capable. Il faut que, derrière l’enceinte croulante de leurs prérogatives et de la tradition, le flot de la démocratie se heurte à un second rempart fait de mérites éclatants et utiles, de supéri

Emmanuel m'inquiète...

Je pensais devenir toddien en lisant les œuvres d'Emmanuel Todd. Mais j'ai vu son entretien avec Aude Ancelin sur Quartier Libre, ce jour, et je suis très inquiet car j'ai cru m'entendre parler à sa place. Il y a longtemps que j'ai constaté que j'étais inaudible quand je me permettais de mettre en doute un élément de la doxa. Or Emmanuel dynamite notre classe politique, nos hauts fonctionnaires et nos gourous de la communication, celle qui rime avec propagande. Ça va finir mal ! Le Quartier Libre qui fini en : pas de quartier ! L'adresse : https://qg.media/ C'est gratuit cette semaine.

Solomon Gursky de Mordecaï Richler

C'est une époque épique que décrit Mordecaï. Whisky, poker et libre entourloupe. Roman incomparable, dense, touffu et complexe. Exigeant et difficile parfois. Mais indubitablement un chef d'œuvre. Et une voix très originale. J'en reprendrai. Après une pause quand même. Pour une critique plus détaillée, je vous renvoie à celle d'Izabou du 5 septembre 2018. Appréciable et convaincante. 05 septembre 2018     Izabou(Babelio)     Moses Berger est obsédé par un homme, Solomon Gursky, riche homme d'affaire canadien, décédé dans un accident d'avion alors qu'il était accusé d'avoir orchestré le meurtre d'un de ses employé. du reste, accident ou meurtre, cela reste ouvert. Son frère, jaloux, n'aurait-il pas chercher à le tuer? Alors Moses cherche.... longtemps.... Solomon Gursky est l'un des trois frères Gursky qui ont érigé un empire de sociétés diverses et variées, notamment d'alcool, à la force des magouilles, pots de vins et trafics en tout gen

Le jour de demain de Dédé la science infuse...

Dimanche matin, matinée débat sur France Cul. Brice Couturier, Dominique Reynié et l'inoxydable Ockrent versus Bertrand Badie. Trois atterrants raidis dans leur certitudes contre un seul Badie. C'est la proportion normale et normalement ça va  mal se passer après. Après quoi ? Après le Covid-19, bien sûr. C'est Brice qui a mitraillé le plus. Pêle-mêle, ces feignants de français payés à rien foutre, il faut que ça cesse ! le monde de Dickens revient avec ses pauvres rendus paresseux par l'aumône. Les incitations écologiques, insupportable ! ça casse la croissance. Toute les réglementations qui freinent la production, a bannir ! vivement la semaine de soixante heures et le travail dès quatorze ans. Et enfin la santé, surtout ne pas se ruiner pour la santé ! c'est bien connu le remède est pire que le mal. Serrez les dents et bossez ! Forever T I N A  ! Il ne l'a pas dit, mais il l'a pensé si fort que je l'ai entendu : si on peut se débarrasser de quelq

Lordon condense et ressasse

Évidemment le virus est rien moins qu’exogène — si c’est par des médiations allongées, il est le produit de la dévastation environnementale capitaliste, et a par ailleurs trouvé ses parfaites voies de propagation dans les circulations frénétiques de la mondialisation. L'intégrale : https://blog.mondediplo.net/euro-le-miracle-ou-la-mort

Longévité. La reine Christine va fêter ses 76 dans 12 jours.

Entendu Christine Ockrent s'indigner haut et fort de la longueur du règne du néo tsar Poutine. La durée de son emprise  sur le PAF ne semble pas la scandaliser (1). Moi si. L'entregent et l'entre-soi du monde médiatique est tout autant nauséabond qu'anti-démocratique. Plus soviétique que belge. Des tonnes de penseurs, plus jeunes, plus brillants, plus novateurs existent. Remisons les vieux bibelots empoussiérés, et laissons la place à la diversité pour commenter le monde de demain. Et paf ! un cacemphate. (1) 40 ans. La reine détrône le tsar. 

L’Histoire, les racines, les Gaulois et les porte-paroles

J’ai un souvenir très vif de ma première leçon d’Histoire en cours élémentaire première année. Je venais d’être transplanté dans cette nouvelle école, située à une latitude bien éloignée du terreau qui m’avait vu germer. « Les premiers hommes vivaient dans des cavernes et se nourrissaient de racines » : résumé du cours à savoir par cœur. Je n’avais jamais vu les carottes et les navets comme des racines, mais comme des légumes du pot-au-feu. À sept ans, les racines étaient une partie de l’arbre totalement impropre à la consommation. Deux jours plus tard, j’ai eu droit, comme beaucoup d’autres, à « nos ancêtres les Gaulois ». Ce fut le deuxième mensonge flagrant du savoir officiel. Mon ego n’a jamais été enfermé dans l’hexagone. De plus, un peuple vaincu, colonisé et assimilé me paraissait être des racines bien peu glorieuses. J’en ai conçu une grande défiance à l’égard de la parole d’autorité. Elle ne m’a jamais quitté. Et Sibeth Ndaye n’améliore guère mon coefficient de confiance.

Frédéric Lordon a rempli son stylo avec du calibre 50 - Opération Résiliation

Une part croissante de la population prend conscience que l'énormité du désastre a essentiellement à voir avec la démolition générale du service public de santé. Tout ça va faire beaucoup, trop sans doute pour s'en tirer comme d'habitude avec la pelle et la balayette Et tout ceci sans compter Sibeth Ndiaye qui jour après jour prend la parole, et chaque fois pour battre le record de la veille. D’autres semblent même s’inquiéter du procès, confirmation implicite que « connards » n’était pas suffisant, en tout cas appelait des prolongements plus formels. Quelques citations... retrouvez la totalité sur son blog à cette adresse : https://blog.mondediplo.net/operation-resiliation