Par bonheur, je ne suis revenu de rien.

Sang lié – David BOSC – Éditions Allia Août 2005.

 

À ne pas mettre entre toutes les mains. Réservés aux initiés éveillés. Ballades sans balises. Pour ceux qui aiment se perdre. Pour nager dans le déroutant à contre-courant. Attention la DL50 est basse. Espacez les prises. Digérez la drouille*. Remâchez la roubine*. Et rotez emmi*. Résumé difficile, amour-miroir, sexe et sangliers. Beaucoup d'images, d'eaux-fortes. 

Bosc, retenez ce nom d'un romancier du trompe-l'œil.

* Drouille (page 47) : Terme région. propre aux dial. du Nord, « colique ». Roubine (page 71) : Petit canal d'assainissement ou destiné à l'irrigation. Emmi (page 75) : au milieu.


Extrait :


J'ai de la langue une image qui me tient. Je vois ces cavaliers en déroute, perdus dans la neige, qui durent éventrer leurs chevaux pour retarder le moment de mourir de froid. Le cheval agonisant est encore chaud ; le cavalier s'enfonce par l'ouverture qu'il a tracé d'un grand coup de sabre ; il se glisse dans les entrailles fumantes, entre la panse et les viscères bleues. Dans la déroute, nous pouvons être à la fois le cheval et le cavalier. Nous éventrer pour abriter la langue, la nourrir et la réchauffer. Éventrer la langue, inversement, pour faire brèche dans l'empire du froid.  (page 97)

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