Mercenaires et légendes

Sidi  —  Arturo Perez-Reverte — 05/2023




Ma première critique stipendiée. Et réglée d'avance par le présent du dernier roman de Perez-Reverte. Ce qui donne une similitude avec Sidi, se battant bien sûr pour l'honneur et la cause, mais aussi pour le butin. Le portrait de ce mercenaire honnête et tortueux, calculateur et courageux, cynique et ombrageux est plus convainquant que son flamboyant double cornélien.
J'ai aimé la peinture de cette Espagne bigarrée et guerrière dont la richesse ne repose pas dans ses terres arides et poussiéreuses, mais bien dans ses hommes orgueilleux et opiniâtres. J'ai aimé cette leçon de philosophie qui montre que la vie est d'autant plus intense et savoureuse quand la mort n'est, ni crainte, ni niée. J'ai moins aimé les Moabites trop vite sortis des rangs de DAESH et Rachida trop libre pour ne pas sentir plus l'anachronisme que le musc.
En conclusion, un bon roman d'un bon artisan qui affermira encore la légende du Cid au grand dam de cet obscur et prétentieux comte barcelonais.

Extrait :

— Les vases sacrés, il faudra les rendre. Ils figurent sur ce que j'ai signé à Agorbe, et de plus c'est la coutume.
Minaya rit entre ses dents.
—Ne me fais pas rire, Ruy. Comme si s'était la première fois... Les calices, les ciboires et les patènes, on les martèle, on en fait une boule et hop dans la besace.
Et on peut toujours mettre ça sur le dos des Maures.
— Bien sûr, on le peut.
— Ah, tu vois. Encore un sacrilège de mahométans. (page 87)


 

 


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