Vendanges saignantes

 Le septième — Richard Stark aka Donald Westlake — Rivages/noir 10/2014

 

Du Parker sans Claire, première manière. De la quintessence de la mécanique Parker. Un braquage parfait suivi d'un impondérable, l'élément humain. Pas un complice trop gourmand, mais un idiot rongé par le ressentiment et la haine des femmes. Le grain de sable est un amateur, cette race importune qui agace Parker et qui bénéficie de la chance des innocents. Dans cette chasse au butin deux fois volé, les complices de Parker perdront leur sang-froid et récolteront du plomb. Parker toujours sagace et pugnace malgré des vents contraires tuera le scélérat et récoltera son quota, le septième.

Nous sommes bien dans un polar où l'auteur n'hésite à dénoncer la sale manie des plus riches à éviter l'impôt par tous les moyens et la mauvaise formation des policiers. Et qui ne méprise pas ses lecteurs en citant Shakespeare, ou en faisant allusion aux héros de Victor Hugo ou de Simenon. Un clin d'œil aux français en utilisant pour le casse la Dauphine, une voiture miniature qu'on peut cachée dans une ambulance ! 

Enfin une traduction d'époque, maladroite et très médiocre ainsi hammerless, — sans chien extérieur —, est rendu par l'expression « à percussion protégée » difficilement compréhensible à un lecteur non armurier.

 

Extrait :

Laurel Road était situé dans un quartier qui aurait dû faire partie des faubourgs, mais n'en était rien. La municipalité, voyant que tous les contribuables de la moyenne et de la grosse bourgeoisie déménageaient pour aller s'installer au-delà des limites communales, dans un endroit nommé Twin Knolls, où ils ne payaient pas d'impôts municipaux, avait un tantinet trafiqué les frontières, et, sans tambours ni trompettes, Twins Knolls fit bientôt partie de la ville et ses habitants furent assujettis aux impôts. Ce que voyant, la moyenne et la grosse bourgeoisie étaient aussitôt allées s'installer un peu plus loin, abandonnant la place aux paumés du genre de l'inspecteur de troisième classe Dougherty. (page 81)

Quand enfin il atteignit le bureau encombré de son chef, il éprouva un sentiment sempiternel : il n'était qu'un Javert sans ambition, un Maigret sans éclat. (page 131)

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