Ouverture de Chakras

 Le dieu des obstacles – Brina Svit – Arlea 01/21

Une écrivaine slovène et parisienne s'est vu refuser son dernier roman. Son dos se bloque. Avant que de céder aux obsédés du scalpel, elle part au Kerala, la Mecque de l'ayurvéda. Nous sommes le deux mars deux mille vingt et s'épanouissent les premiers signes et les premiers masques de la Covid.

Des similitudes avec Yoga, écriture, pratiques orientales, retour sur soi et impact de la grande histoire commune sur la petite histoire personnelle. Des différences, homme et femme, ego boursouflé et modestie assumée. Quelques jolis portraits, reflets de la manie photographique de l'auteure. Une écriture plaisante, grammaticalement parfaite et à l'intonation étrange et étrangère des polyglottes. Un fin sans apocalypse, qui comme la vie même, nous laisse avec plus de questions que de réponses mais avec le sixième chakra entrouvert. Nani Brina !

Extraits :

Elle lève les yeux dans la direction de Divya, assise sur mon lit, et se met à lui parler en malayalam, pendant que celle-ci prend des notes dans son cahier tout en hochant la tête. Une situation que je connais bien dans d'autres circonstances : je suis capable de parler dans ma langue maternelle à quelqu'un, à ma fille, par exemple, sans me soucier de ceux qui ne nous comprennent pas, pire je suis incapable de lui parler autrement que dans ma langue maternelle, comme le docteur Maya avec ses assistantes. (page 28)

Une nouvelle devinette dans mon courrier, moins bucolique que la précédente.

Qui  a écrit : Tout progrès dans l'agriculture capitaliste est non seulement un progrès dans l'art de piller le sol. Tout progrès dans l'accroissement de sa fertilité pour un laps de temps donné est en même temps un progrès de la ruine des sources durable de cette fertilité.

je te donne un indice : un philosophe allemand de la lutte des classes, et ce en 1867. Tu donnes ta langue au chat ? (page 48-49)

Tandis que Stefan, celui parmi nous qui a le plus d'humour, un humour grinçant et subversif, rigole. On dirait que notre situation l'amuse tout en le faisant réfléchir.

Le virus s'attaque surtout au vieux, dit-il. C'est à nous de mourir et de laisser la place aux jeunes pour qu'ils refassent le monde autrement. De toute façon, on ne peut pas continuer comme ça. Il y a quelque chose qui ne va pas depuis trop longtemps. Travailler du matin au soir, gagner plein d'argent, le dépenser pour des choses dont on a pas besoin. Il faut tout renverser : travailler moins, gagner moins, dépenser moins, avoir plus de temps pour soi et pour les autres, et essayer de vivre heureux. (page 89-90)

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