Raner découpe et gagne

 Dingo Dague – Klotz – Christian Bourgois 2 T 1975

Un Raner insolite qui s'aventure entre le fantastique médiéval et la science fiction sur fond de tripatouillage de génome. Un Raner qui travaille à la dague high tech, compromis entre le kriss malais et la tronçonneuse. Un Raner futuriste qui prévoit l'empoisonnement de l'humanité par le plastique, et qui anticipe en page 45 sur la réforme de l'orthographe en 1990 du mot imbécilité déjà orthographié avec un seul l. Un Raner qui ne perd pas le nord et obtient un demi-milliard pour ses services, sévices compris. Atypique, audacieux, amusant.


Extraits :

Il était rond, ras et riant.
La soixantaine molle.
Une blouse douteuse. Il apparut au fond du couloir et traîna la savate vers le nouvel arrivant.(page 69)

Raner possédait le manuscrit original des mémoires de Philippe de Comingues où le chef militaire raconte que, lors de l'assaut du château de Norpoix féal et félon, il avait vu trois hommes, dont un chevalier en armure, abattus par un seul de ces carreaux. Ils avaient eu la mauvaise idée de se présenter en file indienne devant une meurtrière où se trouvait un arbalétrier armé d'un engin sans doute semblable à celui dont on venait de se servir contre lui.(pages 81-82)

Dans le coin l'adjudant-chef rota avec impétuosité et, sans respirer, se jeta dans le cornet le contenu d'une bouteille de bière brune.
Il se leva et, toutes veinules déployées s'approcha d'eux, louvoyant.
— J'suis adjudant-chef, dit-il, j'ai fait l'Indo et toi ?
— Réformé, répondit Raner, je faisait pipi au lit.
L'haleine d'alcool pur courba les géraniums sur le rebord de la fenêtre. Les yeux globuleux fixèrent, incrédules, le civil.
— T'as jamais porté l'uniforme ?
— Non.
Le sous-off se redressa violemment et se cramponna à la table ; voix pâteuse mais définitive.
— Alors t'es pas un homme.
— Non, dit Raner, c'est ça qui me mine.
Ils sortirent de l'Artilleur Joyeux et s'enfoncèrent dans les rues vides. (pages 91-92)

Raner alluma une Zabroskaïa.
— Pas un dingue, un précurseur. En 1943, les premières vagues d'assaut américaines, lors de la reconquête de certaines îles du Pacifique, étaient composées de malades mentaux. (page 97)

—Duvallier, dit Raner, Jacques Henri Duvallier de l'Institut et Henriette Dupont ma secrétaire.
Ils sortirent, laissant dans la lumière diffuse le petit bonhomme pétrifié d'admiration.
Ils traversèrent le jardin, la place et regagnèrent l'auto.
— Henriette Dupont, grommela Laurence, il y a des moments où je me demande si tu m'aimes vraiment.
Raner balança le mégot par la portière.
— La vie est faite d'incertitudes.
Dans la nuit commençante, ils reprirent la direction de l'asile. (page 100)

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