La face caché de la carte postale

 Le jour ou Napoléon rencontra Michaël Phelps – David Pietri – Au bord de l'eau 01/2015

 

 

Cinq étoiles pour un livre qui m'a déplu : trop glauque, trop cru et trop vrai. La face cachée de la carte postale. Misère sociale, affective, sexuelle et culturelle. Nous avions vu Wilt et Plâtre I, nous sommes au LEP du Finusellu avec Molotov II. Pas franchement gai. De quoi plomber l'ambiance d'un charter de touristes. J'ai appris qui était Michaël Phelps et je vais m'empresser de l'oublier. Il intervient peu dans le roman, juste une note sur la nage. Le style est éblouissant de force, d'efficacité, et de sobriété. C'est le premier livre emprunté à ma médiathèque sans cornes ni coup de crayon imbécile. À l'état neuf. Les lecteurs potentiels doivent renifler sa nocivité à dix pas. Je vais le commander sur Internet. Il faut encourager les dépressifs.

Extraits :

 Mounir ou un autre, quelle importance ? Un trou. C'est juste un trou. Il ne représente rien d'autre pour moi. Juste un objet de plaisir. Lui n'a d'autre raison d'être que la jouissance qu'il me procure à chaque fois qu'il me présente son cul en offrande. Et rien d'autre. (page 91)

Je suis arrivé à Ajaccio en début de soirée. Un peu plus tôt que prévu. Maman n'était toujours pas rentrée. J'avais tenté de la joindre, sans succès. Pour quatre-vingt-cinq euros de plus par mois, un de leurs collègues avait été nommé chef de groupe. En plus de récurer les chiottes à grands coups de javel, le bienheureux était à présent chargé d'encadrer le travail de ses collègues et de veiller à ce que tout soit fait dans les meilleurs délais. Kapo était, sans aucun doute, le terme le plus approprié pour désigner ce genre de promotion. Obsédé de perdre ses avantages (sa maigre prime mensuelle), le bougre remplissait sa mission avec un zèle et une dévotion qui confinaient au fanatisme, inspectant et évaluant le travail de ses subordonnées, chronomètre en main, avant de migrer sur un autre chantier. Son intransigeance et sa couardise lui valurent l'inimitié de ses camarades d'infortune, attribuant à chacune des points selon un système de notation allant de zéro à dix, administrant ses remontrances à l'une ou flattant l'autre conformément à ses humeurs et à des critères totalement subjectifs, le travail accompli n'était guère différent. Les toilettes brillaient avec autant d'éclat et il suffisait qu'un importun s'y aventurât pour tout remettre en question. Maman était d'une nature anxieuse et le stress, les conditions de travail et le chantage à l'emploi en accrurent le tempérament. Elle s'accrochait à ce boulot, consciente qu'il lui serait difficile de trouver autre chose. Compte tenu de son âge, d'une expérience professionnelle ne relevant que de l'alimentaire et d'une absence de qualifications réduisant l'espoir d'un salaire qui lui eût permis de gagner décemment sa vie. (page 131-132)

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