Braquo, Natio, les deux faces d'une même pièce...

 Natio — Michel Ucciani — La Manufacture de livres Mars 2020

Le deuxième confinement a désorganisé un peu plus ma médiathèque et m'a contraint à un choix inhabituel, le témoignage d'un ancien Natio. Une bio honnête d'une vie qui l'a été beaucoup moins. Plus facile à lire que le pavé de Jackson sur de Gaulle. Et qui évoque un monde que j'ai bien connu, et des gens que j'ai trop souvent vu. À l'inverse des barbus du jihad, ils avaient tous le crane à nu, sans doute pour avoir moins chaud sous la cagoule. La deuxième partie du bouquin est une fastidieuse litanie de braquages et de séjours en prison. La fascination pour ce genre, récits de délinquants ou enquête de journalistes sur le milieu, m'interroge. Pas l'ombre d'une réflexion philosophique ou sociologique. Pas de doutes, pas de questionnements, le degré zéro de l'introspection. C'est aussi transparent et affligeant que du Séguéla. Le paradoxe du néant, son mystère, c'est le vertige qu'il procure. 

Dernière information d'importance, Ucciani préfère Breitling à Rolex.

Extraits :

J'ai été encore plus attiré par le monde des gangsters lorsque j'ai vu Scarface au cinéma. Ce film, il a donné envie de faire le gangster à plusieurs générations de jeunes, moi y compris. L'argent facile, les armes, les affaires, les belles nanas... la vie de rêve qu'on aimerait tous, quoi. (page 23)

On a mené toutes sortes d'actions dans la région. Il fallait certes être politisé, les responsables essayaient de nous inculquer des notions, mais beaucoup d'entre nous n'aimaient avant tout que l'action. Les grandes discussions politiques, on trouvait ça barbant. On assistait à tout ça, mais on se réjouissait surtout quand c'était fini et qu'on partait en opération pour faire sauter tel ou tel endroit. (page 93)