Le Chaos final, Norman Spinrad, édition Chute Libre (1974)

Souvenirs, souvenirs
Je vous retrouve dans mon cœur
Et vous faites refleurir
Tout mes rêves de bonheur...

Rita Cadillac et Johnny, les années soixante.

Johnny ressort le titre en 1974, l'année de sortie du Chaos final de Norman Spinrad. Mon deuxième livre de cet auteur. Le premier, Les Solariens, chez Marabout est mon second bouquin de SF. Là, normalement j'ai déjà décroché 99 % des lecteurs virtuels avec ma numérotation mémorielle. J'abrège donc, je simplifie, Les Solariens c'est le premier livre de Spinrad et il est nul. Mais il m'avait beaucoup plu tout simplement parce que c'était une histoire de science-fiction et qu'il y avait des extra-terrestres – on n'avait pas encore inventé les aliens. Sorti en 1969. Cinq plus tard, je suis grand, j'ai un peu d'argent et je croise le quatrième titre de l'édition Chute Libre et c'est le K.O. final, je suis compté dix. J'aurai du me méfier,une édition parrainée par Manchette, c'est violent, c'est surprenant et c'est assommant. Et puis cette tête de bébé qui pleure sur fond rouge, que la tête, c'était louche, un signe, un avertissement, un danger...
Au départ, un brave homme cherche à convertir son bas de laine dans un placement sûr, à l'abri de l'inflation et des problèmes de change, de change interplanétaire. Et l'idée, c'est une valise pleine à ras bord de stupéfiants. 1967/1974, nous sommes à l'acmé de la chnouf. De sa diversité et de sa distribution. De produit rare et cher, réservé à l'élite désœuvrée, nous sommes passés presque aux masses populaires chères à Marchais.C'est l'eldorado des mauvais garçons à la morale élastique, c'est French Connection – un thriller miteux d'un artisan sans style d'après Jean-Patrick –, c'est le buvard pour les hippies et les amphètes – Captagon, t'es à fond –, pour les apprentis boulanger et les étudiants, sans parler de la fumée qui ne monte plus au-dessus des jonques chinoises mais des salles de concert.
L'argent volé, c'est comme la barbaque faisandé, c'est un aimant à charognards. D'où le mercenaire, bas du front mais efficace pour éloigner les coyotes affamés, que Norman va équiper d'une découpeuse fabuleuse. Style Thompson M1921, si utile pour les contrats pendant la prohibition qu'elle fût surnommée la « Chicago Typewriter ». Mais c'est la version sans son, plus d'explosion, le silence au lieu du staccato. Mais la même efficacité pour faire des roues carrés et pour cisailler les importuns. Voilà le fond du tableau, il est temps de passer au plat de résistance. Et de la résistance, il en faudra. Pour soumettre une planète, il faut une religion, c'est connu, l'opium du peuple. Et il faut prendre celle des autochtones. Voir Henri IV ou les Turcs. Et la foi locale, elle est très beefsteack saignant d'où le vertige, d'où le K.O. Dix ans plus tard, j'ai prêté ce bouquin à un copain qui se prétendait amateur de SF, il me l'a rendu sans commentaire, mais bien vert, une tête d'hépatique. Je n'en dis pas plus,je ne dévoile pas. Mais comme je suis parti avec « le pays de l'horizon lointain » d'Alain Gnaedig en faisant un détour chez Nino Filastò avec « La proposition »,vous pouvez additionner deux et deux pour arriver au moins à trente-six.

Bon, je vais m'arrêter pour prendre mes pilules, sinon je suis capable d'embrayer sur la critique de mon livre fétiche, « Falk » de mon auteur totémique, polonais, anglais et marseillais.

Chronique sur le Chaos final, déjà sur Babelio depuis le 19 Mars 2020. Peu appréciée, sinon par son auteur, je la grave dans le silicium, c'est moins fatiguant que le marbre et moins kitsch.

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